dimanche 26 octobre 2014

Vu dans la correspondance d'un ami à qui l'on demande : qu'est-ce que le bonheur ? qu'est-ce que le travail ? le bonheur est-il possible au travail ?

Salut I.,

Tu vas bien j'espère ?
Moi, B. a dû te le dire, je suis torturé par tes questions existentielles :

"Qu'est ce que le bonheur ? qu'est ce que le travail ? le bonheur est-il possible au travail ?"

Commençons par le travail : une activité de production de biens ou de fourniture de services (sévices parfois ?) contre rémunération.
Une définition qui n'implique pas à priori (et à mon avis) que le travail contribue au bonheur … mais qui ne l'exclut pas non plus.
Le travail est-il une valeur ? est-il indispensable ? Tout dépend selon moi de la nécessité de faire produire par des humains (pourquoi pas de plus en plus par des machines ?) et des valeurs qui sous-tendent notre système économique (quelle production est vraiment nécessaire à l'Humanité ? Quelle redistribution des revenus et sous quelle forme , allocation universelle, ou autre ? C'est un autre débat …).

Quant à la définition du bonheur, une juste dose d'honnêteté intellectuelle devrait plutôt m'amener à me déclarer … incompétent !
Mais bon, pour l'exercice et pour la science, et pour toi, voici quelques pistes de réflexions personnelles (toute ressemblance avec la pensée de philosophes existants ou ayant existé est purement fortuite ... ou pas) :

- le bonheur serait la maximisation de la somme des plaisirs ponctuels (mais qu'est-ce qui fait plaisir, qu'est-ce qui rend ponctuellement heureux ? C'est un autre débat. Interroge peut-être Maslow et sa pyramide des besoins) ?
L'exercice alors d'un travail où l'on exerce une activité où l'on excelle, qui nous passionne, qui procure une rémunération suffisante (qu'est-ce qui est suffisant ? C'est un autre débat …), et qui soit en accord avec notre éthique personnelle, pourrait contribuer au bonheur.
La recherche au sein de ce travail des tâches qui incluent tout à la fois l'expertise personnelle, la passion, la rentabilité économique et l'élévation morale deviendrait alors une priorité pour ceux qui se soucient de leur bonheur (au travail en tout cas).
Est-ce possible ? Je crois. A tout moment, toujours ? Sans doute pas. Quand et comment ? Encore un autre débat … (je donne des cours à la demande :-) ).

- Le bonheur serait la minimalisation des souffrances ? 
Pour commencer, évitons d'en provoquer nous-même. Ne faisons pas nous-même notre malheur (ni celui des autres). Comment ? Le mode d'emploi est disponible chez les bons libraires, philosophes et autres psychanalistes.
Après, on peut revenir au point précédent (la maximalisation de la somme des plaisirs …).

- Le bonheur serait le détachement ou encore la compréhension que l'existence intrinsèque de toute chose, pensée ou émotion n'est qu'une illusion, à savoir que tout est interdépendance et impermanence … ? 
Tiens ! voilà du bouddha !
Intéressant. Mais pas facile.
Mais intéressant.

Bon, j'abrège.
Quelques trucs personnels ?
En général, un magicien ne dévoile pas ses trucs.
Mais enfin, pour l'exercice et pour la science, et pour toi, je dévoile. Un peu.

- Vivre, le plus souvent possible, en pleine conscience, l'instant présent. Le passé : pas toujours gai et … passé. Le futur : parfois angoissant et … pas encore là.
Alors, l'instant présent en pleine conscience, ça peut marcher. Et puis c'est à la mode. Alors …

- Surtout ne pas laisser échapper les moments de plaisirs et de joies ponctuelles. En être conscient (très) et se les rappeler.
Ainsi, tous les soirs, avec ma petite fille, nous nous racontons le moment le plus agréable de notre journée. 
Cela fonctionne plutôt bien je trouve.

- Définir ses facteurs de réussite (en terme d'harmonie personnelle et interpersonnelle) et oeuvrer (pro)activement à leur développement.

- Jouer au Lotto.
Mais ça ne marche pas.

- Pratiquer le Karaté avec les amis.
J'adore. 
Parfois ça fait quand même mal. 
Mais c'est pas grave.

- Préparer un bon gratin de légumes et ouvrir une bouteille de Saint-Estèphe.

- Embrasser ma femme.

- Manger un bon gratin de légumes avec un verre de Saint-Estèphe (ou deux).

- Développer des capacités d'écoute, d'empathie et de compassion.
Le plus difficile pour moi.
Mais j'y travaille ("travail" ?).
Un peu plus chaque jour.

- Embrasser mes enfants.

- Raconter (pour la 392ème fois) l'histoire du type qui veut acheter une paire de chaussure.

Voilà, quelques réflexions (que je vais d'ailleurs suggérer à mon ami Michel Benoît (tu connais ?) pour son blog :

Amitiés, à bientôt,

P.