Ses "limites limitantes", comme disent les coaches !
Il décide alors de partir seul au Danemark et de faire le clown sur une place publique ...
- auriez-vous osé faire la même chose ?
- cet acte a-t-il modifié sa vie ?
- cet acte a-t-il eu une influence sur les personnes impliquées ?
Sinon, comme l'a écrit Edmond Rostand (Cyrano de Bergerac) : "c'est bien plus beau lorsque c'est inutile" !
Je vous livre ici le témoignage de Michel Colot, tel qu'il me l'a envoyé :
Contre-poing
Un nouveau nez à Rudkøbing…
Agé canoniquement de l’âge de 55 ans, j’ai décidé de visiter le Danemark avec ma vieille voiture et un vélo perché sur le toit. Mais ce n’est pas le plus important… Dans mes bagages un élément inhabituel : un nez rouge.
C’est vrai qu’il y a quelque temps, j’avais suivi un stage de clown dans la bonne ville d’Ath. Un stage animé par Didier Maes, clown et comédien se partageant entre l’Espagne indignée et la Belgique. C’est là que mon clown est né. Mon clowM comme je dis désormais !
Parti pour le Danemark, j’avais comme rêve de mettre mon nez rouge, d’investir une place publique et de me livrer en spectacle. Une sorte de défi direz-vous sachant qu’à l’origine, je suis plutôt timide même si je me soigne en faisant un peu d’improvisation théâtrale. Mais performer sur scène en équipe dans un lieu connu devant des gens qui sont venus pour ça et faire le clown tout seul au hasard d’une place devant des gens venus acheter leur fromage sont deux choses très différentes…
J’ai débarqué sur l’île de Langeland, une île longue, très longue, longue d’une soixantaine de kilomètres … Je m’y suis plu et j’ai choisi la place du marché de Rudkøbing la ville la plus importante de l’île comme place idéale pour clooner mes envies de clown.
Et puis 5 jours se sont passés. 5 jours d’incertitudes. 5 jours et 4 nuits où, transi par le froid des nuits insulaires dans ma tente Quechua , je cherchais les raisons de réaliser mon rêve devenu objectif ?
Bien sûr le défi ? Oser se mettre en danger (bien que l’expression est galvaudée) devant des inconnus. Oui bien sûr, c’étaient des inconnus et ils le resteraient. Mais nul d’entre eux n’étaient au courant de mon but. Ne pas le réaliser n’entraînerait aucune réaction de leur part. Et quant aux amis auxquels j’avais parlé de mon rêve, je pourrais toujours leur dire que je l’avais fait. A beau mentir …
4 nuits longues comme Langeland. Et puis le jour choisi, la pluie s’est mise à tomber. Une pluie drue comme un porc épic en caoutchouc… Une longue pluie sur la longue île de Langeland.
Et une rencontre : un ancien Art Director publicitaire retourné à la nature pour créer sa propre ferme. Adossé à sa ferme un petit café (MC Cafee) où l’on sert un vrai café avec une machine italienne. Et la longue pluie a entrainé une longue rencontre, une longue conversation dans un petit café de la longue île de Langeland. Copywriter publicitaire de formation, lui AD, nous avions un monde commun à partager…
A un moment il a dit : « Tu es le premier mec que je rencontre qui vienne au Danemark pour faire le clown, je n’en ai jamais connu ». Nous avons parlé longtemps mais ces quelques mots resteront gravés en moi pour toujours. En partant, il a ajouté : « Demain lundi, c’est jour de marché à Rudkøbing ».
Cette nuit-là, j’ai dormi. Et j’ai compris que la seule chose qui me déciderait à faire le clown sur cette place n’était pas le défi envers moi-même ni le défi envers les autres, non. La seule raison de faire ce que j’allais faire était en dernière analyse, une envie grosse comme la vie de partager un moment, un moment unique, un moment éphémère qui ne se reproduira sans doute jamais, avec des personnes que je ne rencontrerai sans doute plus jamais. Sur cette terre, j’aurai partagé l’éphémère avec eux.
Le lendemain, sur le coup de 14 h, j’avais mis mon nez rouge et mon bonnet ridicule et pour la première fois de ma vie, j’ai fait rire des enfants. Je me souviendrai toujours de cette voiture qui quitte la place. Au volant, le papa klaxonne et par la fenêtre ouverte, une petite fille fait signe de la main au clown de la place de Rudkøbing.
Michel Colot
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